giscard

On est dans les années 1980, à Cambrai dans le nord de la France. Les élections présidentielles sont passées, le cirque aussi. Sur un panneau d’affichage sauvage, un visage énucléé, une « gueule cassée », ayant perdu un œil et le nez, reconnaissable cependant par une initiale, un « G » en plein nez, comme un point. Mais peut-être n’est-ce point un nez qui fut enlevé, mais une trompe, qui trône à ses côtés ? Serait-ce alors une découverte paléontologique, celle d’un proboscidien, « porteur de trompe », apparu il y a cinquante-cinq millions d’années ? Serions-nous donc dans le nord est de la Sibérie, en présence du mammouth Yukagir, dont la tête sans trompe fut extraite du « permafrost », cette partie profonde du sol gelée en permanence ? Cette trompe est peut-être un serpent, pris en flagrant délit de danse par Aby Warburg, lors d’un séjour en Arizona en 1896. Il est charmé, le serpent, par un Hopi « G » , qui n’est plus à son apogée. Ce malheureux Hopi avait pourtant dansé en tenant ce serpent à sonnette vivant dans sa bouche afin de maîtriser les forces politiques dont dépendait son existence. Il avait obligé ce serpent à participer à cette cérémonie, sans le sacrifier, en surmontant sa peur, pensant influer sur le cours de la nature, dans un étrange, instable et pourtant efficace mélange de magie rituelle et de finalité pratique. L’affaire avait mal tourné, Bokassa s’en était mêlé. Mister « G » s’en trouva fort désolé, la magie des médias se retournait contre lui. Mister « G », si soigneux de son image, se trouvait abîmé, à la merci d’un photographe, qui passant par là ternirait à jamais sa sérénissime personne.