L’image du miroir n’est pas le réalité -tout bêtement une image du réel- Ni réelle, ni irréelle, la photographie semble user du même procédé.

Derrière le miroir il n’y a personne, pas un gramme de sensibilité. Et si parfois ce qu’il reflète nous émeut, c’est simplement parce que nous lisons notre vision, nous sommes en quelque sorte devant et derrière le miroir.

Derrière l’objectif il y a un être qui s’est plus ou moins investi dans une recherche obstinée. Et si parfois les images qu’il nous offre ne nous donnent guère plus que la glace argentée, nous savons aussi qu’il peut devenir poète, dessinateur, humoriste, peintre et pourquoi pas, romancier…

Jean-Jacques Dorne est devenu quelqu’un comme cela. Ses photographies ne sont pas des instants, des objets fixés à jamais. Elles relèvent plutôt de ces visions surprenantes et persistantes qui impressionnent nos rêves à la lisière du réel et de l’imaginaire.

Regardons encore ces quelques photos d’affiches déchirées…

N’y a-t-il pas quelque ironie à saisir ces façades publicitaires provocantes, arrachées, mutilées…

N’y a-t-il pas quelque provocation à récupérer ces « décollages », ces « déchirements », symbole peut-être d’un refus, d’un délabrement, pour en faire des œuvres qui nous rappellent certains collages de grands peintres.

Une ironie provocatrice qui nous propose une « re-vision » du monde se nourrissant de la vie et de ses contradictions pour nous mener bien au-delà et nous donner des images apaisées, d’une beauté rigoureuse, extrêmement séduisantes.