Jean-Jacques Dorne : poésie de la rue
Jean-Jacques Dorne, c’est la couleur, celle qui saute aux yeux, parce qu’elle est vive, celle qui vous accroche parce qu’elle vous agresse, vous manque de respect, vous montre les plaies de la société ; Jean-Jacques c’est aussi le hasard de la rue, le hasard de la rencontre, celui devant lequel vous pouvez passer chaque jour sans le remarquer. Une tache de sang semble pleurer juste à côté d’une plaque de la rue des Soupirs à Cambrai. Rue des écrivains, un bombage criant « Vive le cannabis » est venu se poser. Jean-Jacques Dorne ne triche pas mais il sait voir. Même si le thème que fait apparaître la photo semble trop extraordinaire, tout n’est que coïncidence.
Le photographe a rapporté de ses promenades dans les rues de Cambrai, de ses voyages en Belgique, en Allemagne, des images insolites qu’un cadrage et qu’une excellente technique accentuent, ou plutôt ne déforment pas. Sa démarche est poétique, de par la couleur, de par l’expression et les sentiments qu’elle engendre. La poésie mais aussi l’humour se trouvent dans la rue, là où l’homme a voulu laisser sa trace.
Des graffitis qui étonnent… et des affiches qui ne servent plus à leur fonction d’origine, la publicité, mais qui deviennent lacérées, reflets des humeurs des uns, de la révolte des autres…
Ces affiches apparaissent comme des bandes dessinées qu’on sortirait de plusieurs livres et qu’on empilerait en désordre… Mais elles parlent parfois un langage surprenant, et qui se dote, pour notre plaisir, d’un humour des plus variés.
Jean-Jacques Dorne, qui fait partie de cette minorité de gens qui, jamais, ne restent inactifs, qui jamais ne cessent de vouloir créer ou donner, est bien connu aussi dans notre ville par ses écrits, dans « Gambrinus, » notamment.
Rappelons ici, puisque nous parlons de lui dans le cadre de son exposition photo, qu’il a été le seul français à avoir décrocher un prix, pour la couleur, au Premier Salon International de Lille en 1981.
Jean-Jacques Dorne au Forum de la FNAC
Femmes inertes qui prennent vie…
Le forum de la FNAC, 1 grande rue à Colmar, accueille pendant tout le mois de juillet une exposition de photographies de Jean-Jacques Dorne, un armentiérois, qui consacre une grande partie de ses loisirs à cette forme de création.
Après avoir travaillé sur les graffitis, des tonneaux, des vitrines de pompes funèbres et passionné par les objets inertes auxquels il confère une nouvelle existence, J-J Dorne s’est intéressé aux mannequins de vitrines.
Collant son objectif contre les baies des magasins, il a saisi, en toute quiétude, les regards, les poses, les clins d’œil de ces femmes inanimées, mais qui font néanmoins rêver.
Malgré leur réserve et leurs attitudes hiératiques, les mannequins de Jean-Jacques Dorne interpellent le passant.
Son exposition, intitulée Xoana, du nom des statuettes grecques primitives qui ont encore les bras collés contre le corps, possède cette allure hiératique propre à la statuaire, mais vous accroche au passage par une indéniable présence.
Dorne, qui présente à la FNAC une sélection de trente tirages sortis d’un travail de 300 diapos réalisées pour une exposition à Cambrai, s’affirme par une maîtrise incomparable à faire prendre à l’objet inerte une dimension qui échappe au passant dans le paysage citadin habituel qui est le sien.
Sa prochaine exposition sera consacrée à d’autres objets inertes et en particulier aux tonneaux qui, détournés de leur fonction première, détournent à leur tour les automobilistes de leur route ainsi qu’aux parkings, d’autres façons d’affirmer la présence des objets dans l’environnement citadin qui passionne le photographe.