Le jeu de l’artiste

Se laisser guider par le hasard, faire de son parcours artistique un véritable jeu de piste… Jean-Jacques Dorne, conseiller pédagogique à la sous-direction de la formation de la police de Toulouse, a décidé de sortir des sentiers battus. A vingt ans, une rencontre avec un photographe qui s’intéresse particulièrement à la représentation des murs lui permet de trouver une source d’inspiration inhabituelle pour un débutant : les graffitis. Ce sera d’ailleurs le thème de sa première exposition.

C’est encore le hasard qui décide de son dernier sujet. Alors que son épouse faisait des emplettes dans un grand magasin, Jean-Jacques, qui l’attendait à l’extérieur, s’intéressa aux mannequins de présentation des vitrines. Il devait en reproduire quarante sur papier glacé pour « donner une âme » à ces objets inanimés. La qualité de son travail, reconnue par le centre national d’études et de formation de Gif-sur-Yvette, lui a permis d’exposer une série de clichés en juin 1992. Cette exposition devait trouver un prolongement dans les locaux du ministère, en novembre dernier.

Le jeu de poste

Mais tout cela reste encore trop sage pour Jean-Jacques Dorne. Par hasard, il découvre le Mail Art (art postal) et en devient adepte. Ce mouvement artistique, né en Californie au début des années 1970, a pour volonté de détruire l’image traditionnelle de la peinture sur un rectangle de toile. Il s’agit de fabriquer des objets le plus souvent insolites et de les envoyer par la poste sans emballage particulier.

Ce qui compte le plus, c’est son itinéraire et le clin d’œil que l’on fait au destinataire. Notre artiste farceur rit encore de la réaction de cette demoiselle des postes quand il lui tendit une tong peinte à la main pour qu’elle l’affranchisse. Il devait également expédier une abaisse-langue, d’ordinaire utilisé dans les cabinets de médecins généralistes, à un ami pédiatre. Cet humour s’apparente un peu à celui d’un Pierre Dac ou au style grinçant de Karl Zéro de l’émission « Nulle part ailleurs ».

Aujourd’hui, Jean-Jacques Dorne a décidé de retourner à plus d’académisme. Il va photographier les deux plus grandes décharges publiques du monde dont celle de Coney Island aux Etats-Unis.